erin / forever young

J'ai toujours été très proche de ma famille, et en particulier de mon père. Ce dernier est silencieux et calme, totalement introverti, qui juge les situations attentivement avant de se lancer. Il a toujours veillé sur moi à distance, et je pense que c'est pour ça que j'y tiens plus qu'à ma mère. Sans hésiter, si on me demandait de choisir entre mes deux parents, je dirais mon père. Ma mère est l'inverse de mon père, et elle a toujours la fâcheuse habitude de fouiller dans mes précieuses affaires. Elle parle trop, commère... Mais elle est tout de même adorable et fait toujours son maximum pour ne décevoir personne. Et puisse que je suis son unique fille, elle s'est toujours préoccupée de tout ce qui me concernait et réussit encore maintenant à me sortir de galères que j'aurais pu éviter.


Mon premier souvenir le plus marquant est la première fois que j'ai vu mon père plonger lors d'une de ses compétitions de natation. Je devais avoir à peu près... 6 ans peut être ? Et je n'arrêtais pas de m'exclamer par la suite qu'il était une sirène, et que j'allais en devenir une aussi !
Ma vie a été tout à fait calme, en vérité... Je n'ai pas eu beaucoup de souvenirs marquants... Mais il y en a bien un autre, après celui-ci, qui m'a marqué: la première fois que mon petit ami Jarod a commencé à me frapper.
Je ne sais même plus comment nous sommes sortis ensemble. Tout ce que je sais, c'est que c'était lorsque j'étais en dernière année de lycée, et lui en deuxième année à l'université.
J'étais chez lui et il n'y avait personne dans l'appartement, on était seuls. Il avait vu des photos de mon week end chez mon oncle, avec mon cousin. Il trouvait que nous étions vraiment trop proches et lorsque je lui ai dit en rigolant qu'il se faisait des idées, il s'est énervé. Il n'a pas arrêté depuis, et je ne peux pas le quitter: il est gentil malgré tout. Il fait juste jaloux quand il est jaloux, et qu'il a peur que je le quitte. C'est parce qu'il m'aime qu'il me frappe, et je ne peux pas le laisser seul, il est fragile.

Aucune expérience de ce genre ne s'est produite dans ma famille. On peut dire que j'ai vécu dans un monde de Bisounours, oui.

Je suis avec mon copain, et tout allait très bien. Il avait besoin de moi, et je ne voulais pas le laisser seul. Mais je sais que je ne suis plus amoureuse de lui.

On n'avait aucun animal, moi je n'aurais pas eu le temps de m'en occuper avec tous les entraînements de natation, et lui, il ne s'en serait pas du tout occupé, même s'il avait le temps.

Je vivais avec mon copain, dans un appartement un peu miteux, comme je l'ai déjà dit. J'étudiais pour devenir nageuse professionnelle, et si on ne me le permettait pas, un métier en rapport avec la natation. Je passais les trois quart de mon temps dans l'eau. Évidemment cela ne plaisait pas à Jarod, mais c'était ma passion. Des sacrifices, pour lui, j'en faisais tellement que je refusais de faire celui-là.

Ce qui me réduirait à l'abandon total de ma passion est ma plus grande peur. Une blessure grave à la jambe, un problème musculaire... Vous voyez le genre.

On m'a souvent dit que j'étais calme, et que je prenais le temps pour prendre des décisions. Il est vrai que je n'aime pas me précipiter, et que je suis du genre à ne jamais agir à la hâte. De faire le vide dans mon esprit et de me ressourcer. Mes pensées ne sont jamais en vrac: je prends le temps de les ranger dans le bon tiroir, une à une. Cependant, j'avouerais bien que je suis parfois totalement indifférente à ce que me disent les autres. En même temps, je n'ai absolument aucune envie d'entendre les dernières aventures de Roberto, le chien nain de ma voisine. Mais si il lui arrive un problème, je serais là pour l'aider. Je suppose que l'on peut me dire à l'écoute des autres, puisque je ne laisserais jamais quelqu'un dans l'embarras.
Mes décisions sont toujours prises pour me mener au bout de ce que je veux faire: je suis ambitieuse et je n'abandonnerais jamais face à un but qui me semble trop éloigné de moi. Je l'attendrais. Je suis hautaine, je l'avoue. Mais la plupart des gens n'ont pas cette même ambition que moi et je les trouve lâches de s'enfoncer ainsi dans la platitude du quotidien et des limites qu'on leur a imposés jeunes. Je suis sarcastique. Les petites remarques cinglantes, c'est ma spécialité. Surtout avec les personnes que j'aime, en fait, parce que ça me donne envie de les taquiner.

Je n'ai pas beaucoup d'amis. La natation me prenait beaucoup de temps et Jarod aussi. Je ne compte pas vraiment m'en faire de nouveaux, je n'en ai jamais eu tant que ça, et je préfère ne pas en avoir: c'est une perte de temps et d'énergie. Mais je n'aime pas être seule pour autant ! Deux ou trois amis qui me sont proches sont suffisant.

Je l'aide, je pense qu'il y a une part de clémence en moi qui fait que je l'aide instinctivement, mais pas seulement. Cette personne me devra quelque chose plus tard et je compte bien avoir quelque chose à la hauteur de l'aide que j'apporte.